Dans l’antiquité, notamment chez les Egyptiens, la nuit représentait l’univers des morts et le soleil celui des vivants. La lumière était synonyme de chaleur et créatrice de la vie. Au cours des siècles qui suivirent, artistes et architectes ont traduit la lumière et les ténèbres en leur attribuant le sens exposé des plus anciens textes découverts dans les pyramides. Les bâtisseurs de l’architecture chrétienne orientaient les édifices en fonction du soleil, d’Ouest en Est, de manière à montrer aux fidèles le chemin vers la Lumière ; signe du triomphe définitif du Christ sur la mort.
De nos jours, le langage de la lumière et sa transposition artistique continuent à être utilisés sans rapport avec ses sources religieuses, mais ils n’en demeurent pas moins proches des origines de l’homme et l’éveil de sa conscience aux mystères de la Terre.
Le noir, dit André Malraux, est lié à la mort. Une mort on s’en doute plus mentale que physique, car l’homme sans la lumière n’est rien ; privé de repères et de communication il est livré aux forces naturelles qu’il ne peut appréhender.«La lumière donne à voir et plus encore elle donne à penser» (Henri Alekan, alchimiste de l'ombre et de la lumière, il fut l'un des plus talentueux Directeur Photo du cinéma du XXème siècle. Du noir et blanc à la couleur, il a travaillé et magnifié l'éclairage de nombreux chefs d'œuvres de la "Bataille du rail" de René Clément aux "Ailes du désir" de Win Wenders sans oublier "La belle et la bête" de Jean Cocteau).
Mais nous lui sommes le plus souvent indifférents. Composante fondamentale de l’expression photographique, c’est pourtant par elle que s’ouvre à nous la liberté d’intervenir sur la réalisation effective d’une l’image. (Capricieuse, changeante, imprévisible, disponible à ses heures), elle influence par ailleurs notre moral, règle nos horloges internes, nous informe sur les obstacles qui nous entourent et sur le temps qui passe. Sa perception reste très personnelle et très difficile à décrire, elle éveille pour beaucoup d’entre nous des sentiments et des souvenirs profonds qui jalonnent nos existences.
L'un des meilleurs moyens d'en percer le mystère est d’observer l’éclairage de certaines scènes de film (Blade Runer, Mark Dixon Détective...). Un travail minutieux où des passionnés tentent de recréer l'illusion de la vie, du relief, du temps et des émotions. Chefs Opérateurs et Directeurs Photographiques ont mis au point au fil du temps des techniques pour certaines très élaborées qu'ils ont longtemps considérées comme des secrets à emporter dans leurs tombes.
Grâce à l’héritage d’une œuvre abondante, mon blog sur l’expression par l’éclairage va démystifier, dans une certaine mesure, l’éclairage de studio appliqué à la mise ne scène du vivant, mais surtout vous donner quelques pistes pour mieux apprécier son importance et sa mystérieuse beauté.
Sans éclairage, pas de comédie, pas de drame, pas de suspense, pas romance, pas de tendresse !
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