Sumo

Affichage des articles dont le libellé est Généralités sur la lumière. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Généralités sur la lumière. Afficher tous les articles

17 juillet 2023

LES ORIGINES DU STUDIO

Samuel Morse

En dehors d’être l’inventeur du télégraphe, Samuel F.B. Morse ouvrit le premier studio américain en 1840, un an après sa rencontre avec Daguerre à Paris. Il introduisit son procédé aux Etats Unis et devint un éminent portraitiste. Il enseigna les beaux-arts à l’université de New York et fit installer un studio vitré sur le toit de l’université.

Le problème majeur des photographes de l’époque, qui se consacraient surtout au portrait, était de disposer de suffisamment de lumière pour diminuer les temps de pose. Ils utilisaient fréquemment des miroirs pour diriger la lumière et créer quelques effets. 

Au début du XXème le cinéma va bouleverser l’univers des studios photo. Installés pour la plupart aux derniers étages de beaux immeubles, ils ne disposaient que de grandes verrières allant du sol au plafond comme unique source de lumière. Le plus important progrès que le cinéma apporta aux studios photo fut incontestablement l’usage de la lumière artificielle. Il permit aux photographes de se libérer des contraintes de la lumière du jour et apporta une variété infinie d’effets en regard d’un éclairage souvent plat et monotone. 


Les techniques d’éclairage avancèrent à grand pas et engendrèrent une évolution artistique et émotionnelle que la lumière naturelle n’aurait jamais permis d’obtenir. Depuis cette époque, le contrôle de la lumière est devenu un élément essentiel de la photographie de studio.


Portrait de Louis Daguer

APPRÉCIATION DE LA LUMIÈRE


Dans l’antiquité, notamment chez les Egyptiens, la nuit représentait l’univers des morts et le soleil celui des vivants. La lumière était synonyme de chaleur et créatrice de la vie. Au cours des siècles qui suivirent, artistes et architectes ont traduit la lumière et les ténèbres en leur attribuant le sens exposé des plus anciens textes découverts dans les pyramides. Les bâtisseurs de l’architecture chrétienne orientaient les édifices en fonction du soleil, d’Ouest en Est, de manière à montrer aux fidèles le chemin vers la Lumière ; signe du triomphe définitif du Christ sur la mort.


Cathédrale de Bourges par Arnaud Frich

De nos jours, le langage de la lumière et sa transposition artistique continuent à être utilisés sans rapport avec ses sources religieuses, mais ils n’en demeurent pas moins proches des origines de l’homme et l’éveil de sa conscience aux mystères de la Terre. 

Le noir, dit André Malraux, est lié à la mort. Une mort on s’en doute plus mentale que physique, car l’homme sans la lumière n’est rien ; privé de repères et de communication il est livré aux forces naturelles qu’il ne peut appréhender.

Toutes les interprétations des œuvres picturales sont bien sûr possibles. En utilisant les noirs et les blancs, les clairs et les sombres avec des densités ou des opacités nuancées, les peintres ont cherché à exprimer visuellement l’inquiétude, la peur, la joie, l’allégresse engendrant des correspondances psychologiques parfois étonnantes. 

En observant l’oeuvre de Francisco Goya Les désastres de la guerre,  on remarque sur cette gravure une silhouette agenouillée et suppliante, pathétique représentation de l’homme sans défense face aux événements terribles qui vont avoir lieu. Le contraste élevé et ténébreux de cette eau-forte met nettement l’accent sur la fragilité de la vie et la présence de la mort dans un "tout ou rien" dont la lumière souligne l'évidence immédiate.


«La lumière donne à voir et plus encore elle donne à penser» (Henri Alekan, alchimiste de l'ombre et de la lumière, il fut l'un des plus talentueux Directeur Photo du cinéma du XXème siècle. Du noir et blanc à la couleur, il a travaillé et magnifié l'éclairage de nombreux chefs d'œuvres de la "Bataille du rail" de René Clément aux "Ailes du désir" de Win Wenders sans oublier "La belle et la bête" de Jean Cocteau). 

Mais nous lui sommes le plus souvent indifférents. Composante fondamentale de l’expression photographique, c’est pourtant par elle que s’ouvre à nous la liberté d’intervenir sur la réalisation effective d’une l’image. (Capricieuse, changeante, imprévisible, disponible à ses heures), elle influence par ailleurs notre moral, règle nos horloges internes, nous informe sur les obstacles qui nous entourent et sur le temps qui passe. Sa perception reste très personnelle et très difficile à décrire, elle éveille pour beaucoup d’entre nous des sentiments et des souvenirs profonds qui jalonnent nos existences.

L'un des meilleurs moyens d'en percer le mystère est d’observer l’éclairage de certaines scènes de film (Blade Runer, Mark Dixon Détective...). Un travail minutieux où des passionnés tentent de recréer l'illusion de la vie, du relief, du temps et des émotions. Chefs Opérateurs et Directeurs Photographiques ont mis au point au fil du temps des techniques pour certaines très élaborées qu'ils ont longtemps considérées comme des secrets à emporter dans leurs tombes.

Grâce à l’héritage d’une œuvre abondante, mon blog sur l’expression par l’éclairage va démystifier, dans une certaine mesure, l’éclairage de studio appliqué à la mise ne scène du vivant, mais surtout vous donner quelques pistes pour mieux apprécier son importance et sa mystérieuse beauté.

Sans éclairage, pas de comédie, pas de drame, pas de suspense, pas romance, pas de tendresse ! 

Mes articles récents

MA RENCONTRE AVEC AGNÈS MINAZZOLI

Agnès Minazzoli vue par Clarke Agnès Minazzoli , Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégée de philosophie, docteur d’une thèse d...